Aujourd’hui, 2 février, a été une journée forte en émotion.

Tout a commencé il y a quelques semaines lorsque je suis tombé sur un message annonçant le décès de Yey Aek, l’une des personnes les plus photographiées dans les temples d’Angkor ces 25 dernières années. Cette nouvelle m’a profondément touché, car j’ai réalisé l’impact qu’elle a eu sur tant de personnes qui avaient croisé son chemin en voyant les messages de soutien. Cependant, ma visite d’hier au temple de Preah Khan a entraîné un tournant inattendu, conduisant à une rencontre sincère que je me sens obligé de partager avec vous tous.

Valentine, une personne parmi tant d’autres qui aura eu droit à un sourire, une bénédiction et une photo de Yey Aek le 18 août 2016

Alors que je déambulais dans le temple hier, je n’arrivais pas à chasser le souvenir de l’annonce concernant Yey Aek. J’ai décidé de parler à l’une des femmes de ménages du temple, qui je savais vivait dans le même village qu’elle. À ma grande surprise, elle m’a informé que Yey Aek était toujours en vie, bien que dans un état de santé précaire. Cette révélation a éveillé quelque chose en moi, ravivant mon désir de chercher la vérité et, si possible, de recevoir une dernière bénédiction de sa part. Avec un sentiment d’urgence, je me suis lancé sur mon moto ce matin après avoir avalé un café rapidement, déterminé à lui rendre visite chez elle et à lui rendre peut être un dernier hommage…. mais si c’était en effet déjà trop tard…

Yey Aek le 12 décembre 2022 chez elle

À mon arrivée, j’ai été accueilli par la fille de 64 ans de Yey Aek, qui semblait perplexe face à ma présence, incapable de se rappeler de notre rencontre précédente en Décembre 2022. Néanmoins, j’ai aperçu tout de suite, Yey Aek se reposant exactement à l’endroit où je l’avais laissée l’année dernière.

La fille de Yey Aek lors de ma visite le 12 décembre 2022

Yey Aek, le 12 décembre 2022, avec ses arrières petites filles chez elle

Cependant, je n’ai pas vu la même personne pleine de vie que j’avais rencontrée tant de fois auparavant, encore il y a un an. Désormais, cette très vieille dame de 86 ans, était là assise, agité, visiblement souffrante. Malgré sa fragilité, elle a exprimé le désir de me prodiguer encore une bénédiction… avec l’aide de sa fille.

J’ai passé au final ce matin, une heure à ses côtés, me remémorant nos souvenirs partagés. Yey Aek, bien qu’agitée, a tenté de communiquer avec moi, et j’ai trouvé du réconfort à tenir sa main, tout comme elle l’avait fait auparavant pour moi et pour tant d’autres. Elle était trop faible pour me donner une bénédiction seule, mais sa détermination, avec le soutien de sa fille, m’a profondément marqué. J’ai choisi de ne pas prendre de photographie, préférant préserver le souvenir de son sourire et de son comportement dans mon cœur. Avec l’accord de sa fille, j’ai pu prendre un dernier et unique cliché de sa main, cette même main qui avait touché d’innombrables personnes pour leur transmettre ses bénédictions.

Cette main tellement douce, le 2 février 2024

Aujourd’hui, je suis triste, car je n’aurais surement plus l’occasion de la revoir. Je me suis senti obligé de partager son histoire dès mon retour à la maison et de vous faire rappeler à tous ces souvenirs que vous avez avec elle. Finalement, depuis 2020, depuis qu’elle a quittée le temple de Preah Khan, il n’a jamais été le même. La pierre sur laquelle elle s’asseyait pendant des heures chaque jour reste brillante et polie, témoignage de sa présence indélébile. Rappelons-nous de Yey Aek pour la personne remarquable qu’elle était et la marque indélébile qu’elle a laissée sur toutes les personnes qu’elle a touchées. Je me promets de retourner la voir début mars pour prendre une nouvelle fois de ses nouvelles en espérant que si son heure était déjà arrivée qu’elle soit partie dans la dignité.

Continuez de chérir les souvenirs des personnes comme Yey Aek, qui ont laissé une empreinte indélébile dans vos vies. Leur présence peut s’estomper, mais l’impact qu’ils ont eu sur nous perdurera. Honorons leur héritage en partageant leurs histoires et en continuant à répandre la bonté et la compassion qu’ils incarnent et incarnaient ! Comme le disent les cambodgiens « Ayou Veng » – « Longue vie » !

Rappelons nous d’elle encore à travers des images raccontant son quotidien.

Une trace indélébile restera sur cette pière à Preah Khan

Régis